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La connaissance des langues des employés en baisse depuis huit ans

Les compétences linguistiques professionnelles en Belgique montrent une tendance inquiétante. La maîtrise du français, de l'anglais ou du néerlandais en tant que deuxième langue se dégrade sensiblement dans notre pays. C'est ce qui ressort d'une analyse de plus de 33 280 tests de langue standardisés.

1 min. temps de lecture

En effet, la connaissance du français chez les Belges néerlandophones est en baisse et les Belges francophones enregistrent de moins bons scores en néerlandais. La connaissance globale de l'anglais diminue également. « Nos compétences linguistiques nous font perdre un produit d'exportation essentiel », avertit Violaine Baeten, experte communication.

  • Entre 2015 et 2023, le partenaire RH Bright Plus a réalisé 33 280 tests de compétences linguistiques auprès des candidats multilingues. Ces résultats témoignent d’un déclin général du multilinguisme sur le marché du travail parmi les employés belges.
  • Le niveau de connaissance de l'anglais est passé de presque B2 à légèrement supérieur à B1. Pendant ce temps, le niveau de connaissance du néerlandais chez les Belges francophones a légèrement baissé pour se situer juste en dessous de B1, tandis que la connaissance du français chez les Belges néerlandophones est, elle, passée de B1/B2 à juste en dessous de B1.
  • Violaine Baeten, experte communication chez services RH Bright Plus, met en garde contre les conséquences néfastes de cette baisse des connaissances des langues : « Nos cerveaux sont notre principal produit d'exportation belge et le déclin des compétences linguistiques met en péril la compétitivité de nos entreprises ».

La compétitivité des entreprises belges menacée

L’enquête PISA de ces dernières années montre clairement que les compétences linguistiques des élèves flamands et wallons régressent systématiquement. Mais nous devons également nous inquiéter du marché du travail. C'est ce qui ressort des plus de 30 000 tests linguistiques effectués par Bright Plus entre 2015 et 2023. L'analyse de ces résultats donne un aperçu rare des compétences linguistiques des employés dans notre pays. La tendance observée dans les salles de classe semble effectivement se poursuivre sur le lieu de travail.

Bright Plus s’est concentré sur les employés multilingues. Par conséquent, seuls les candidats censés avoir de bonnes compétences linguistiques ont été testés. La tendance à la baisse de ces résultats suggère que les compétences linguistiques des employés belges sont probablement encore plus préoccupantes dans la pratique.

« Ceci n'est que la partie émergente de l'iceberg », déclare Violaine Baeten, experte communication chez Bright Plus. « Nos cerveaux sont notre principal produit d'exportation belge et le déclin des compétences linguistiques met en danger la compétitivité de nos entreprises. Connaître au moins les langues nationales belges aide les candidats à obtenir un meilleur emploi et facilite les affaires pour nos entreprises, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos frontières. Il est donc urgent de revaloriser les compétences linguistiques. En effet, les langues devraient recevoir au moins autant d'attention que les disciplines STIM. C'est là que le gouvernement et l'enseignement, mais aussi les entreprises et les travailleurs, ont un rôle à jouer. »

Nos cerveaux sont notre principal produit d'exportation belge et le déclin des compétences linguistiques met en danger la compétitivité de nos entreprises. Connaître au moins les langues nationales belges aide les candidats à obtenir un meilleur emploi et facilite les affaires pour nos entreprises, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos frontières. 

La maîtrise du français, du néerlandais et de l'anglais régresse

La maîtrise du français des Belges néerlandophones a baissé d'un niveau permettant d'exprimer une opinion et de parler d'expériences (entre B1 et B2), à un niveau inférieur à B1, soit une connaissance d'expressions courantes et quotidiennes. De même, les Belges francophones voient leur maîtrise du néerlandais passer d’un niveau légèrement supérieur à B1 à un niveau inférieur à B1, ce qui signifie qu’en moyenne, ils ont désormais du mal à formuler clairement leurs opinions.

Dans l’ensemble, la maîtrise de l'anglais a régressé, passant presque du niveau où l'on peut comprendre les principales idées de textes complexes (proche de B2) à la simple capacité de pouvoir exprimer son propre avis (légèrement au-dessus de B1). Pour les Belges néerlandophones, la connaissance de l’anglais a baissé du niveau B2 au niveau permettant d’échanger des expériences personnelles (à mi-chemin de B1). Quant aux Belges francophones, cette connaissance a diminué d’un niveau supérieur à B1 à plus de A2.

En anglais, les jeunes candidats obtiennent de meilleurs scores que les plus âgés, à la fois en compréhension écrite et orale, tandis que les candidats plus âgés obtiennent de meilleurs résultats en néerlandais ou en français. L'une des explications possibles est que les jeunes sont davantage exposés à l'anglais en raison de l’omniprésence de la langue dans l'enseignement et de la prédominance de la culture anglo-saxonne dans les médias sociaux, les séries et les films. Les scores en allemand sont restés stables, mais le nombre de tests d’allemand que Bright Plus peut réaliser diminue rapidement. En effet, il devient de plus en plus difficile de trouver des candidats qui ont au moins une connaissance de base de cette langue.

Problème sur le lieu de travail et dans l’enseignement

Nadine De Donder, chargée de cours de français à l’HOGENT, observe depuis des années une diminution des compétences linguistiques. En plus de son travail d’enseignante, elle conseille les entreprises avec sa société Frans Op Maat pour renforcer la maîtrise de la deuxième langue nationale auprès des employés. Elle affirme que « les compétences linguistiques ne peuvent pas être simplement remplacées par ChatGPT ou DeepL. Nous payons aujourd'hui le prix de l'accent mis sur l'enseignement des STIM, qui relègue les langues à l'arrière-plan et donne une connotation négative à des termes tels que « la grammaire ». Les étudiants commencent leurs études supérieures sans avoir compris le fonctionnement de la langue et éprouvent des difficultés croissantes en matière de compréhension de la lecture ou d'interaction orale. Associé à un vocabulaire limité, cela crée davantage de malentendus, d'incompréhensions et de conflits. Une meilleure maîtrise des langues commence par l'amélioration de l'enseignement des langues et la prise de conscience que les outils en ligne ne sont que de simples aides. C’est pourquoi l’HOGENT s'est engagée à créer un centre de langues, Studio Lingo, afin de combler les déficits linguistiques et de développer et de stimuler les étudiants maîtrisant les langues. »

« Trouver des candidats qui maîtrisent les langues prend plus de temps. Ils sortent moins bien préparés de l’école », confirme Samuel De Potter, Talent Acquisition Director chez Beaulieu International Group. Pour les acteurs internationaux, les compétences linguistiques sont indispensables. « En raison de la pénurie de main-d’œuvre sur le marché du travail, nous accordons parfois moins d'importance aux exigences linguistiques dans les descriptions de poste. Les candidats sont réticents à parler des langues étrangères ou ont des difficultés à évaluer leur niveau et peuvent donc se retirer injustement du processus de recrutement. Même les plus jeunes qui sont souvent exposés à l'anglais ont manifestement du mal à s'exprimer correctement ou à structurer leur discours. La technologie peut aider à la communication écrite, mais la maîtrise orale est irremplaçable dans les fonctions orientées clients, comme le service client. Par l'intermédiaire de notre Beaulieu University, nous proposons des formations linguistiques pour permettre à nos employés de parler davantage de langues étrangères avec plus de confiance. »

Mettre la barre plus haut et renforcer les compétences linguistiques

Pour Violaine Baeten, tout commence par le fait de placer la barre plus haut dans l'éducation et d’encourager l’éveil aux langues et le multilinguisme dans le cadre familial. Par ailleurs, les entreprises et les candidats peuvent également s'efforcer d'améliorer leurs compétences linguistiques : « Il faut une culture où les gens s'habituent à parler d'autres langues et osent commettre des erreurs. Outre la formation traditionnelle, il existe des initiatives informelles qui encouragent les travailleurs à parler plus souvent une autre langue, comme les déjeuners linguistiques ou les réunions au cours desquelles chacun parle sa première langue. De nombreuses applications sont disponibles et augmentent le contact avec la langue de manière ludique. Ainsi, même avec des efforts quotidiens minimes, les travailleurs peuvent progresser. Enfin, en tant qu'employeur, soulignez l'impact positif d’une bonne maîtrise des langues : en mettant l'accent sur leur utilité, les employés seront plus motivés à s’investir. »

À propos de l'étude

Entre 2015 et 2023, Cebir, expert en tests psychométriques, a réalisé 33 280 tests de langue standardisés après un premier examen oral de compétences linguistiques. Les résultats sont évalués selon le Cadre européen commun de référence pour les langues qui attribue des scores allant de A1 à C2.

Au niveau A1, on connaît des phrases de base et les expressions quotidiennes. Au niveau A2, on peut avoir des conversations de tous les jours. Le niveau B1 permet de parler d'expériences et d'opinions. Au niveau B2, on peut comprendre des textes complexes et communiquer clairement. Le niveau C1 correspond à une utilisation courante et souple de la langue à des fins diverses. Le niveau C2 représente une compréhension sans effort et une expression précise dans des situations complexes.

Les candidats ayant passé les tests présentent les données démographiques suivantes : 82 % de femmes, 17,1 % d'hommes. Parmi eux, 73,7 % sont néerlandophones, 19,6 % francophones, 1,2 % anglophones, 5,4 % étrangers. En ce qui concerne le niveau d'éducation, 19,1 % des candidats sont titulaires d’un diplôme de master, 52,7 % d’un bachelier, 23,3 % ont suivi l'enseignement secondaire supérieur, 1,5 % l’enseignement secondaire inférieur et 1,4 % l'enseignement primaire. Les catégories d'âge sont réparties comme suit : 23,5 % ont entre 18 et 25 ans, 29,8 % entre 26 et 35 ans, 18,6 % entre 36 et 45 ans, 20,3 % entre 46 et 65 ans. 97,6 % ont la nationalité belge.